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La résistance innée au HIV/Sida: Ce que l’on sait de son fonctionnement; par Vivienne Walz

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Peut-être avez-vous déjà entendu parler de certaines personnes dont le corps résiste naturellement au VIH. Cette résistance est aussi appelée immunité innée et il en existe en fait deux types. Le premier type se présente chez des individus que l’on appelle exposés et non infectés – ce groupe possède une résistance spontanée à l’infection initiale du VIH. Le deuxième type d’immunité innée est une résistance à la progression du sida chez les personnes qui ont le HIV – dans cette catégorie se trouvent les non progresseurs à long terme, que l’on connaît aussi sous le nom de contrôleurs d’élite.

Bien que ces individus semblent n’être que quelques rares chanceux, l’immunité innée possède un potentiel incroyable en tant qu’outil de recherche, car elle permettra de trouver de nouveaux traitements contre le virus dont pourront bénéficier des millions d’individus dans le futur !

Mais les scientifiques doivent tout d’abord connaître le fonctionnement de l’immunité innée. Des chercheurs sont présentement en train d’examiner la manière dont les mécanismes intrinsèques peuvent d’abord détecter l’entrée du HIV dans les cellules et puis stimuler l’inflammation pour combattre l’infection.

L’un des mécanismes qui a été découvert pour la résistance au VIH-1 (le type de VIH le plus courant) se trouve dans les cellules dendritiques plasmacytoïdes (CDP) et implique les récepteurs de type Toll (TLR). Lorsque l’infection se produit par voie muqueuse, le virus doit passer à travers une barrière de cellules épithéliales qui se compose de plusieurs couches. Avant que le virus n’atteigne la dernière couche, les cellules dendritiques peuvent empêcher son avancée en utilisant des capteurs comme les TLR, qui reconnaissent les intrusions par le virus. Les nouvelles CDP commencent ensuite à produire des interférons de type I qui inhibent les premiers stades de la réplication du VIH-1.

Mais il y a toutefois un seul hic – les interférons et les réactions inflammatoires peuvent être utilisés par le virus pour amplifier l’infection. Comme Ploquin et al. l’affirment, la réaction inflammatoire du système immunitaire est une épée à double tranchant. L’inflammation peut favoriser les réponses d’adaptation et peut contrôler la réplication virale, mais elle peut aussi aider à créer des réservoirs viraux dans les cellules T et aider à la dissémination du virus (ce qui conduit à une infection généralisée du système immunitaire). La réaction inflammatoire du système immunitaire peut alors devenir chronique et entraîner la progression du sida.

D’autres types d’immunité pourraient recruter des macrophages qui seront ciblés par le VIH afin de jouer divers rôles dans le réservoir viral et dans la réplication du virus, mais qui peuvent aussi aider à combattre l’infection en inhibant cette réplication. Présentes dans les muqueuses, les cellules Natural Killer contribuent également à l’immunité naturelle et deviennent plus nombreuses et toxiques pour le VIH une fois que les CDP commencent à libérer les interférons. Les cellules Natural killer et les interactions des cellules dendritiques sont également très importants en ce qu’ils favorisent l’immunité adaptative, puisque leur communication efficace permet d’optimiser le processus de spécialisation des cellules dendritiques.

La résistance à la progression du sida est unique en ce que la réaction immune a été assez adaptative pour que les réponses des cellules CD8 + T soient exceptionnellement fortes. On croit que cela est lié à la maturation des cellules dendritiques myéloïdes, qui est également déclenchée par les interférons.

Alors, que pouvons-nous apprendre de l’immunité innée? Ploquin et al. croient que davantage de recherches sur les cellules Natural killer permettront l’élaboration éventuelle d’un vaccin contre le VIH. D’autres chercheurs étudient les singes macaques infectés avec le VIS afin de savoir comment le contrôle de l’inflammation des muqueuses et des organes lymphoïdes peut aider à se protéger contre le virus. Il ne reste maintenant qu’à découvrir exactement quels mécanismes permettent une immunité contre l’infection du VIH et contre la progression du sida, et ensuite qu’à trouver comment reproduire et appliquer ces mécanismes.

Sources:
1. HIV Subtypes, Groups and Strains. Avert. http://www.avert.org/hiv-types.htm

2. Blankson, JN, D. Persaud, RF Siliciano. The challenge of viral reservoirs in HIV-1 infection. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11818490. Annu Rev Med. 2002;53:557-93.

3. Ploquin, Mickaël J.-Y., Béatrice Jacquelin, Simon P. Jochems, Françoise Barré-Sinoussi and Michaela C. Müler-Trutwin. Innate immunity in the control of HIV/AIDS: recent advances and open questions. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22472855. AIDS 2012; 26:1269–1279